« Respirer avec le non humain » :
Cet article s'intéresse à une sélection d'œuvres olfactives conçues comme des interfaces sensorielles permettant aux humains de penser autrement leurs relations avec divers agents « non-humains ». Si tout art offre la possibilité d'envisager le réel de manière nouvelle, les œuvres olfactives, parce qu'elles réclament une attention non-visuelle longtemps jugée « animale », mais également parce que leur perception par le biais de la respiration mène à faire l'expérience consciente de l'air en tant qu'habitat partagé, permettent d'envisager de nouveaux modus vivendi et offrent une réponse sensible à la crise de notre relation au monde vivant.
« L'Expérience olfactive dans les attractions historiques, les médias et les arts visuels » :
A partir de la fin du XVIIIe, on dénombre plusieurs tentatives d'intégrer une dimension olfactive à des attractions visuelles historiques, comme les fantasmagories ou les panoramas. Ces expérimentations permettent notamment l’avènement d’un genre différent de spectateurs et d’une esthétique de l’expérience, qui se développera considérablement dans les pratiques médiatiques et artistiques aux XXe et XXIe siècles. Ce nouveau paradigme immersif et cette nouvelle logique spectatorielle, qui émergent d’abord dans un contexte européen de course au sensationnel et de réflexion sur le concept d’art total, perdurent jusqu’à aujourd’hui.
« Eco-olfactory art. Experiencing the Stories of the Air We Breathe », pp. 65-75 :
In the Anthropocene, environmental concerns have increasingly transpired in the visual arts. Air pollution however, just like climate change, remains mostly invisible, partly disqualifying vision as an adequate means to address it. Olfactory artworks, on the contrary, building on the specificities of their form and medium, are particularly powerful. Drawing from environmental psychology and research on atmospheric pollution, this chapter focuses on artworks addressing the issue through scents. It explores the various mechanisms and challenges at stakes when raising awareness about air pollution, and posits that such works efficiently weave together bodies and ecologies.
« Les Chants de Maldoror, une lecture olfactive », pp. 93-122 :
« Ton odorat ne reçoit-il donc pas la moindre effluve ? » (IV, 5) Ainsi est interpellé le lecteur dont le nez parcoure les pages des terribles Chants de Maldoror d'Isidore Ducasse, plus connu sous son nom de plume : le Comte de Lautréamont. Ce chapitre s'intéresse ainsi au rôle singulier des odeurs et de l'odorat dans l'œuvre phare du poète. Y sont détaillés et étudiés non seulement la nature des senteurs évoquées par l'auteur, mais également les enjeux de l'acte de sentir dans une œuvre se voulant pénétrante et agissante et dont le texte lui-même est assimilé à un effluve.
« L'art olfactif, esthétiques d'occupation »,
pp. 154-162 :
« Quelle quantité d'espace faut-il à une œuvre [...] pour qu'elle « respire » ? » s'interrogeaient les commissaires dans les années 1950-1960. La question ne pourrait mieux se poser pour les œuvres olfactives, qui ont tendance à accaparer l'espace. Les odeurs s'échappent et se répandent, interférant avec les œuvres alentours. L'utilisation par certains artistes de vastes aplats de matières odorifères, dont la galerie même est le support et qui assurent de facto la diffusion des molécules volatiles, met en valeur cette propension au débordement et à l'occupation. Les artistes prennent ainsi possession de l'espace en all over, occupant les surfaces par la matière et les volumes par l'odeur, bouleversant par la même occasion la logique spectatorielle qui régit traditionnellement les musées et galeries.
Avec Anna Cloarec et Weiyang Lee, « De Womanhouse à Women House. La maison, un espace féminin ? » :
Cette publication fait suite à un cycle de tables rondes intitulé « Art : genre féminin » organisé par des étudiant·e·s du master Sciences et Techniques de l’Exposition de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Françoise Docquiert, avec l’association AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions et la Monnaie de Paris. Ces rencontres ouvertes au public ont réuni trente-cinq artistes, chercheur·se·s et curateur·trice·s dans le but d’interroger les raisons de la marginalisation des femmes dans l’histoire et le monde de l’art mais aussi de réfléchir à des manières de remédier à ce manque de visibilité systémique. S'y trouve la retranscription de la table ronde organisée par nos soins, réunissant Lucia Pesapane, Lucy Orta et Nils Yalter : "De Womanhouse à Women House. La maison, un espace féminin ?"